8 septembre 2011
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Hier mercredi, première sortie avec les copines depuis le retour. Petit resto, on a tant de choses à se raconter et puis le film " Présumé coupable" choisi à
l'unanimité, puisque malheureusement tiré d'une histoire vraie et aussi parce qu'on se sentait tellement impliquées en sachant pertinemment que cela peut arriver à chacun de nous.
Tout le monde se rappelle de l'affaire Outreau étalée au grand jour, il y a 10 ans déjà. Je me rappelle très bien de ma réaction de l'époque. "Tant mieux, de les
avoir trouvés ces pervers et combien d'autres affaires courent encore ?"
Et puis, déjà à l'époque en voyant leurs sanglots, leurs dénégations on hésite : comédie ou sincérité ? Après, il y a aussi la responsabilité des médias qui
étalent toutes ces vies au grand jour, qui relatent avec force détails et commentent sans toujours vérifier leur source. Derrière pourtant, se profilent treize destins, arrêtés brutalement et
emprisonnés pour des actes de pédophilie non commis et broyés par une justice implacable.
Le réalisateur Vincent Garenq s'attachera principalement à l'histoire de l'huissier Alain Marécaux qui a témoigné de son enfer en écrivant un livre, et lui en
tirera le film.
Vous fermez les yeux un instant et vous vous imaginez......Vous êtes dans votre sommeil, vous percevez des bruits de plus en plus forts, vous ouvrez la
porte et on vous crie dessus, on fouille vos pièces on réveille vos enfants, on vous sépare brutalement et on vous menotte sans ménagement. Tout au plus, vous savez à présent
que vous êtes accusé "de pédophilie". Vous êtes embarqué, interrogé des heures durant, menacé puis piégé on souffle le chaud-froid pour vous arracher des aveux mais vous résistez car c'est
faux.
Alors on vous enmenne chez le juge. Ah ce "petit" juge, je les exècre. Nous sommes entourés de petits juges...Le petit flic frais émoulu de son école qui vous met
le PV sans un regard du haut de sa suffisance, le jeune cadre lui aussi sorti de ses diplômes plus capable de communiquer et qui dialogue par mail à son collaborateur dans le bureau à côté,etc
etc, ceux qui se réfugient derrière des graphiques, des tableaux et parlent rendement....Je préfère m'arrêter.
Bref, le petit juge est dans ses fiches et dans ses convictions...Donc l'enfer continue. Alain M. retrourne en prison, perd sa mère, son étude, sa femme s'éloigne
et il ne voit plus ses enfants.
Le rôle de ce juge est capital dans cette histoire. Car tout de même il a bien dû se rendre compte à un moment qu'il s'égarait, qu'il faisait fausse route mais il
s'est entêté prêt à "aider" les témoins à charge, je vous laisse découvrir. Et ne pas oublier qu'il avait lui aussi des gens au dessus de lui qui n'ont pas bronché et l'ont couvert.
On assiste donc à cette descente aux enfers, à ce cauchemar quotidien, à ce désespoir permanent avec tentatives de suicide et grève de la faim à la clé. On
assiste impuissant à l'effondrement d'un homme qui, au départ est prêt à se battre avec son avocat et qui finit par ne plus pouvoir communiquer qu'au travers des larmes.
Je me demande bien qui d'autre que Philippe Torreton aurait pu jouer ce rôle là ? Costaud au départ, on voit un homme debout et en colère et on le voit à la fin
décharné (il a perdu 28 kilos) et désespéré.Un rôle magnifique et sûrement éprouvant pour lui.
Ce film est très digne, il ne tire pas sur la corde sensible, les faits sont relatés tels qu'on les entendait à l'époque (tentative de suicide, grêve de la faim,
mort de la mère, séparation) mais là on reçoit tout de plein fouet et on réalise toute la souffrance qui se cache derrière ces simples mots. Il n'y a pas de musique pour accompagner et c'est
tant mieux.
Bien sûr, tous ces pauvres gens ont été réhabilités (dont un quis'est suicidé en prison), mais cela n'effacera jamais la souffrance infligée, cela ne réparera pas
les liens distendus avec les enfants. On peut toujours se reconstruire mais on ne peut pas oublier.
Personnellement, je n'ai pas confiance dans la justice, trop d'exemples aberrants "celui qu'on relâche pour vice de forme alors qu'il est dangereux" celui qui a
violé et qui revient habiter non loin de celle qu'il a agressé en toute impunité, une page ne suffirait pas à relater ces faits.
J'espère que je vous ai donné envie d'aller le voir car il nous concerne tous, dans la mesure où ces faits ont été possibles et réalisables de nos jours.
D'ailleurs tout futur juge devrait avoir obligation de le voir avant de pratiquer son métier. Au fait, le petit juge a simplement été muté ailleurs mais j'espère qu'il n'est plus en mesure de
"juger".
Je vous souhaite une belle journée même si c'est bien morose.