L'orgue de barbarie
Jacques Prévert/Joseph Kosma
Moi le joue du piano
disait l'un
moi le joue du violon
disait l'autre
moi de la harpe moi du banjo
moi du violoncelle
moi du biniou...moi de la flûte
et moi de la crécelle
Et les uns les autres parlaient parlaient
parlaient de ce qu'ils jouaient.
On n'entendait pas la musique
tout le monde parlait
parlait parlait
personne ne jouait
mais dans un coin un homme se taisait:
"et de quel instrument jouez-vous monsieur
qui vous taisez et qui ne dites rien?"
lui demandèrent les musiciens.
"Moi je joue de l'orgue de Barbarie
et je joue du couteau aussi"
dit l'homme qui jusqu'ici
n'avait absolument rien dit
et puis il s'avança le couteau à la main
et il tua tous les musiciens
et il joua de l'orgue de Barbarie
et sa musique était si vraie
si vivante et si jolie
que la petite fille du maître de la maison
sortit de dessous le piano
où elle était couchée endormie par ennui
et elle dit:
"Moi je jouais au cerceau
à la balle au chasseur
je jouais à la marelle
je jouais avec un seau
je jouais avec une pelle
je jouais au papa et à la maman
je jouais à chat perché
je jouais avec mes poupées
je jouais avec une ombrelle
je jouais avec mon petit frère
avec ma petite sœur
je jouais au gendarme
et au voleur
mais c'est fini fini fini
je veux jouer à l'assassin
je veux jouer de l'orgue de Barbarie."
Et l'homme prit la petite fille par la main
et ils s'en allèrent dans les villes
dans les maisons dans les jardins
et puis ils tuèrent le plus de monde possible
après quoi ils se marièrent
et ils eurent beaucoup d'enfants.
Mais
l'aîné apprit le piano
le second le violon
le troisième la harpe
le quatrième la crécelle
le cinquième le violoncelle
et puis ils se mirent à parler parler
parler parler parler
on n'entendit plus la musique
et tout fut à recommencer!
Pas très moral cette histoire.... Je préfère la mienne.
J'étais tranquillement entrain de cuisiner dans ma petite maison en vacances à Agde, quand une musique ou plutôt un son que j'adore attira mon attention. En effet, j'aime bien ces airs désuets sortis d'un instrument qui me parle, je ne sais pas pourquoi mais j'aime bien, le temps s'arrête un peu de courir.Et puis, quelques minutes après, une jolie voix accompagna la musique, en interprétant des airs anciens mais connus style "frou frou" etc.
Je me suis donc rendue là d'où la musique partait, ce n'était pas bien loin, la rue à côté. Il y avait là un couple fort bien assorti qui jouait à nous distraire. Et alors, me direz vous, des scènes comme ça il y en a plein, en effet surtout durant l'été, cela distrait les touristes. Bien sur, sauf que la jolie dame n'avait rien à voir avec le monsieur. Comme moi, quelques temps avant, elle s'était arrêtée à l'écouter jouer, et comme, contrairement à moi (qui chante comme une casserole) elle était douée d'une voix fort agréable, elle n'avait pas pu s'empêcher d'accompagner ces airs anciens et ils firent, du coup, un petit duo pour notre seul plaisir. C'est le genre d'histoire que j'adore, le temps qui s'arrête.... deux passions qui se rapprochent.
C'est aussi à ce genre de scènette que j'aime bien repenser pendant que je lasure, portes, fenêtres et que je n'en voie pas le bout surtout qu'il faut bien poncer avant. (C'est pour cette raison que j'ai du mal à venir par ici...) Pendant ce temps là, mon homme peint les volets.... et va mieux. Lentement mais sûrement.Merci pour vos gentils mots.
Je vous souhaite un bon dimanche et que le temps reste au beau le plus longtemps possible. Je viendrai vous faire un petit coucou entre les couches de lasure.