Et oui, cela fait longtemps que je n'ai pas écrit d'article et pour cause....
Après avoir "dépapiété" la moitié des combles, on est enfin passé à des activités plus agréables, en appliquant de la peinture matière. Nous, on voulait un effet sablé car la salle de bain est style marin avec du bois. Et effectivement le rendu est comme du sable fin dans une belle teinte douce beige rosée et surtout d'une application des plus faciles et rapides avec un spalter qui permet de jouer sur le relief. Intense moment de satisfaction qui n'a pas duré bien longtemps....Le lendemain, petits travaux de finition.... Repasser de la lasure sur les poutres pour couvrir les petits débordements inévitables même avec du papier de protection, il faut dire que l'échafaudage était à une hauteur de 3 m.
Comme c'est en pente, par endroits c'était facile on se tient droit, d'autres endroits il fallait se courber, se contorsionner bref, fatiguant. Mais j'aime bien faire ça sauf que je n'ai plus 20 ans, je ne sais pas du tout ce que j'ai fabriqué mais j'ai failli valser de là haut bref, je me suis retenue je ne sais pas à quoi, il était moins une ouf ! je ne sais par quel miracle je suis restée là haut mais pas le seau de lasure....Lui, il a fait un triple saut perilleux pour aterrir sur les galets blancs de la salle de bain...Imaginez une mare de lasure bien foncée, c'était le moment où jamais d'utiliser le stock de serpillères hérité d'une vieille cousine....mais ça ne suffisait pas, cela avait éclaboussé partout et des galets c'est fort joli mais ce n'est pas lisse. Un simple carrelage aurait donné moins de souci. Bref, après moult essai, j'ai enfin trouvé la parade, le balai à vapeur avec une petite brosse et j'ai fait galet par galet, il y en a 2023.... Et en frottant avec application, toute imprégnée de lasure (je voyais du marron partout) je pensais au sort du petit savoyard en me disant que ma galère n'a duré que deux jours.... Je vous avais dit récemment que je vous raconterai son histoire...
Petit pour pouvoir s'engouffrer dans les cheminées, âge de 7 à 10 ans, il était loué par ses parents à un entrepreneur de ramonage. Chose courante dans les vallées comme celle de la Maurienne ou de Vilars, tous les ans débarquaient à la capitale,environ trois mille enfants qui étaient arrivés là à pied. En sabots, ils parcouraient 50 km journellement, dormant dans des hangars recouverts de leurs sacs de suie vide et noirs de crasse. Certains d'entre eux avaient une marmotte qui grâce à des tours savants leur permettait de récolter quelques sous afin de se nourrir.
L'enfant arrivé à Paris offrait ses services.Il montait sur le toit enlever la suie et y descendait jusqu'en bas.Cette précieuse suie allait être revendue par son maître. Lui, continuait brâvement , quatre à cinq cheminées par jour, six jours par semaine. Seul jour de repos le dimanche pour se débarbouiller à l'eau de la fontaine parfois glaciale.
Pauvre petit savoyard, présenté par les bourgeois comme un petit diable noir et ignorant sa vie des plus cruelles.. Exploité, il était sujet aux accidents, aux chutes souvent mortelles ou en proie aux maladies de la peau ou des poumons.
Enfin, on s'apitoiera sur son sort peu enviable et dès 1777, un abbé créera une oeuvre qui le protègera puis les lois sociales viendront à son secours en réglementant le travail des enfants.
Il faut donc toujours relativiser, je n'ai broyé du noir pardon "du brun" que durant deux jours...et le moral est à nouveau au beau fixe. Je tâcherai de vous rendre visite et peut-être préparer les valises pour changer d'air mais il ne fait pas beau dans le sud alors..... En attendant une bonne journée à vous.