Un petit coucou pour vous souhaiter un bon week-end. Hier, j’ai vu un documentaire sur la 2 « Simone Weil, une loi au nom des femmes ». Et je ne l’ai pas regretté car cette page oh combien importante de l’histoire a été restituée avec brio.
On se retrouve en juin 1974, avec Valéry Giscard d’Estaing comme président. Jeune, il se veut résolument moderne et pressé... Dès juillet, il vise la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, déjà abordée un an plus tôt au Parlement et refutée par les députés. Giscard veut aller vite et réussir avant la fin de l ‘année.
A cette époque, 30 000 femmes partaient chaque année, souvent par bus entiers se faire avorter en Angleterre ou aux Pays-Bas. Mais celles qui n’en avaient pas les moyens faisaient appel aux faisaises d’anges dans des conditions terribles parfois. On constate un décès par jour sans parler des séquelles des autres, stériles ou mutilées.
Giscard désigne une femme pour mener ce combat car c’en est un. Il s’agit de sa ministre de la santé, Simone Veil, 47 ans et trois enfants. Elle est magistrate donc rigoureuse et capable d’analyse objective, elle fait partie aussi d’une certaine bourgeoisie de droite . Elle est loin des féministes, dont la colère gronde depuis des années. En avril 71, circule la « liste des 343 salopes » qui ont avoué avoir eu recours à l’avortement. Les plus célèbres bien sûr ne seront pas inquiétées, il n’en est pas de même pour les anonymes qui, pour certaines, seront accusées d’homicide... Car obsolète mais toujours en cours, la loi de 1920 relative à l’avortement est toujours d’actualité. Et n’oublions pas le procès ignoble de 1972 à Bobigny où une jeune fille qui s’était fait violer et avait avorté avait été dénoncée par son propre violeur. C’est Gisèle HALIMI, à l’époque qui en fit un procès politique en dénonçant cette société hypocrite et bien-pensante dans laquelle on vivait.
Le 26 novembre 1974, Simone Veil présente donc ce projet devant 491 députés. L’opposition , avec une majorité de communistes à l’époque est prête à signer, mais la majorité est franchement hostile. La ministre peut compter sur les doigts d’une seule main des soutiens : Hélène Missof députée de Paris, aristocrate mère de huit enfants et écoeurée par tous ces machos,, le docteur Bernard Pons qui dénonce le rétrograde Ordre des médecins, Lucien Neuwirth, celui là même qui a arraché en 1967, dans cette même assemblée la loi autorisant la contraception et Jacques Chirac dubitatif mais un ami sincère de la première heure...
Pendant trois jours et deux nuits, 74 orateurs vont s’expliquer. Et finalement ce seront les plus farouches adversaires de Simone Veil qui vont renverser l’opinion. Leurs pantomines, leurs excès en faisant appel à la démographie ou au sacré, leurs croisades contre le sexe, frisant le grand guignol, vont finir par excéder les indécis.
J’avais suivi, en son temps, avec intérêt cet épisode historique mais je ne m’étais pas rendu compte (ou était-ce édulcoré à l’époque ?) combien Simone Veil avait été agressée dans sa dignité à l’époque.
En effet, un certain député n’avait pas hésité à la traiter de chienne en pleine séance et un autre avait évoquée devant l’ancienne déportée les fours crématoires auxquels elle allait livrer soi-disant des générations d’enfants.
La loi sera votée (284 voix pour 189 voix contre) le 29 novembre à 3 heures du matin.
Simone Veil, à qui un journaliste demandera s’il s’agit d’une victoire répondra « une victoire, je ne sais pas mais en tout cas un progrès »
Pour ma part, je pense que déjà rien que la contraception a été une merveilleuse conquête pour la femme. Ne pas subir mais désirer un enfant quand on a le choix c’est une merveilleuse liberté mais cet avis ne concerne que moi ?
Je vous souhaite un excellent week-end.