Mais oui, dimanche c'est la St Valentin, ce sont les restaurateurs et les fleuristes qui vont être contents.... N'empêche que cela n'empêche pas de faire un petit
breack pour dire qu'on s'aime. Je sais, il y a le reste de l'année mais on court tellement....
Pour cette occasion, je veux partager un beau poème de Jacques Prévert qui me parle toujours autant, dit par Arnaud Beunaiche, comédien de la Compagnie Emporte Voix. Je l'avais entendu
une fois, récité par Jeanne Moreau : bouleversant, mais malheureusement, je ne l'ai jamais retrouvé. Si l'un d'entre vous est plus malin que moi je ne lui en voudrai pas, loin de là.
J'aurais bien voulu en composer un moi-même, mais je n'ai pas le talent de Korielle, alors je me contente de recopier celui qui parle toujours autant à mon coeur et je le partage avec vous.
En n'oubliant pas ceux qui sont seuls ce jour là, je pense aussi à eux...
Je vous souhaite d'ors et déjà un excellent W.E.
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé
Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Lá où tu es
Lá où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t’avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
J. Prévert.