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En juillet 1942, Aline Korenbajzer est internée au camp de Beaune la Rolande puis elle sera assassinée à Auschwitz le jour de ses trois ans. Ce n'est pas sa photo,
ci dessus c'est la photo d'une autre petite .... en attente à Drancy, pour finir à Auschwitz d'où elle ne reviendra pas.
Car après la rafle du Vel d'Hiv du 16 et 17 juillet 1942, seront enfermées 8000 personnes dont 4000 enfants dans les camps de Beaune la Rolande et de Pithiviers.
(Loiret). Des camps conçus pour à peine la moitié, tout est problème: manger, se soigner se couvrir. Qu'ont dû supporter ces petits ne comprenant rien à la situation, séparés brutalement de ceux
qui étaient censés les protéger : leurs parents.Car fin juillet, seront d'abord déportés les adultes et les ados vers Auschwitz. Les enfants se
retrouvents alors seuls, livrés à eux même dans un milieu hostile. Puis à partir de la mi août c'est à leur tour d'être envoyés à Drancy pour finir à Auschwitz-Birkenau pour y être
exterminés.Le dernier convoi partira de Pithiviers le 21 septembre 1942. Puis jusqu'en août 1944, le camp sera réservé aux "internés administratifs" la plupart étant des communistes.
Un autre camp guère plus reluisant, entouré de barbelés, celui de Jargeau a "abrité" 1190 tziganes dont 700 enfants.
Y seront enfermés également 132 réfractaires au STO, les soupçonnés de résistance, 307 prostituées et des Républicains espagnols.
C'est une page sombre et cruelle de notre histoire qui dérange....Des enfants parqués dans des camps gérés par la préfecture d'Orléans, brutalement séparés de leurs
parents par la police française puis dirigés vers les camps de la mort avec l'assentiment du gouvernement de Vichy on a envie de nier mais cela malheureusement a existé tout près de chez
nous.
Une femme,Hélène Mouchard-Zay, la présidente du CERCIL s'est battue pour qu'il existe un lieu de mémoire, pour qu'on n'oublie jamais le sort
cruel de ces enfants du Vel d'Hiv.Car elle craint l'oubli une fois que les derniers témoins de cette barbarie auront disparu.
Le CERCIL (centre d'études et de recherche sur les camps d'internement dans le Loiret) lui, a été créé il y a déjà 20 ans, en 1991
avec entre autres l'aide des mairies, de Serge Klarsfeld et de Simone Veil. Mais à l'époque, on était en butte au silence. Depuis, appuyé par toute une recherche dans les
archives et avec l'aide des témoignages des rescapés, on a pu dresser une reconstitution historique.Qu'il va falloir transmettre à nos jeunes sans les traumatiser car le sort de ces
enfants est odieux et cruel.
Le CERCIL a donc déménagé symboliquement à Orléans le 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz et journée dédiée à la mémoire des
victimes de la Shoah.
Une baraque en bois accueille donc le visiteur, elle vient du camp de Beaune la Rolande. Le CERCIL dispose à présent de 1000 m2. ce nouvel espace lui
permet d'ouvrir un mémorial des enfants du Vel d'Hiv.Dans une salle d'exposition permanente , on trouve les archives et photos des internés. La salle du souvenir, elle,remmémore les
4400 enfants assassinés en exposant leur photo ou leur nom. On y trouve aussi un centre de ressources avec des documents sur la Shoah, la culture tzigane ou juive. La salle d'archives est dédiée
aux personnes qui veulent faire des recherches. Et bien sûr les groupes scolaires peuvent désormais découvrir cette page sombre sous forme d'ateliers.
Il a donc été inauguré en présence notamment de :
Simone Veil, déjà présente à l'inauguration de 1992, et marraine du CERCIL, Devant ces milliers de photos, s'est elle projetée, elle la
rescapée de cette horreur ?
Jacques Chirac, qui le premier, dans un discours a reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la déportation des Juifs.Discours
prononcé en 1995 lors du 53e anniversaire de la rafle du Vel' d'Hiv', discours courageux et qui fera date.
Serge Klarsfeld.,chasseur des criminels nazis (Klaus Barbie, procès Papon), qui participe depuis 20 ans à l'élaboration du CERCIL
Il est satisfait que la vérité historique a été rétablie. Il pense que c'est :
"ce qui a permis à 4000 enfants assassinés de redevenir des sujets actifs de l'histoire au lieu d'être des rebuts jetés dans la poubelle de l'histoire".
Excusez moi, de la longueur inhabituelle de cet article mais c'est un sujet brûlant, le calvaire réservé à des êtres humains, différents, de nous et la mise à
mort systématique et programmée d'enfants mérite bien qu'on s'y attarde.
D'autant plus que l'antisémitisme et le racisme ne sont pas morts et gare à Internet dans ce cas précis.Comme le rappelle Hélène Mouchard-Zay "comment des
évènements comme ceux-là ont-ils pu arriver ? C'est une question centrale. Ce n'est surtout pas un accident de l'Histoire."
Alors restons vigilants. Je vous souhaite un bon W.E. Moi, je vais me vider la tête cet après-midi en faisant du scrapbooking.