Hier, j’ai vu un très beau film et je ne peux pas m’empêcher de vous en parler et de partager « Des
hommes et des Dieux » Film de Xavier Beauvois avec notamment Lambert Wilson totalement habité par son rôle et le merveilleux Michael Lonsdale qui incarne Luc, un médecin.
Il s’agit, mais vous le savez sûrement, de l’histoire vraie de
ces huit moines français cisterciens de Tibhirine, enlevés en 1996 et qu’on retrouva décapités. Le
film nous montre des passages de leur quotidien effectué dans leur monastère au milieu des montagnes
algériennes dans les années 90, et ceci en totale osmose avec le peuple musulman qui les entoure,
d’autant plus que Luc les soigne et les assiste dans leur vie de tous les jours.. Appréciés des villageois, ils sont régulièrement invités à leurs fêtes familliales.
Ce film dure deux heures. Mais on entre dans un autre temps, où le stress n’a plus lieu d’être, un temps
différent , un temps vrai où chaque geste a sa signification. Un temps qui peut nous paraître austère, car quatre heures de prière par jour, les chants lithurgiques, l’étude en silence du
scriptorium, couper du bois, produire ses légumes ou son miel, manger ensemble tout cela n’a rien de bien passionnant et pourtant cette vie d’abnégation et de receuillement, cette vie de
communauté fraternelle et de contemplation à sa raison d’être.
Les paysages sont magnifiques, filmés au Maroc, non loin de Fèz.
Pourtant, cette vie en autharcie mais tournée vers les autres va peu à peu être gangrenée par la tension
et l’insécurité qui montent dans cette partie du pays. Le doute s’installe, l’armée leur conseille de partir mais les villageois ont besoin d’eux.
Désorientés d’abord, ils n’ont pas choisi d’être martyrs, ils s’interrogent, à la première concertation, une moitié décide de quitter le monastère, l’autre veut rester. Mais à la deuxième
concertation, ils font face, et décident tous de rester. Rester, pour assurer leur mission humaine avant que d’être spirituelle.
Cette décision leur sera fatale, et comme on le sait par avance, cela est d’autant plus triste .Ils paieront
de leur vie pour ce à quoi ils croyaient, aider les autres sans faire de politique ni au nom de la religion, car c’est un film d’hommes et non de
moines.
L’homme qui peut avoir peur et se cacher sous le lit le moment venu, ou l’homme qui peut se
surpasser en faisant face à l’ennemi par sa seule conviction et avec le simple poids des mots.
Quelques scènes m’ont frappée, une toute simple d’abord, c’est quand ils se photographient avec un petit
appareil tout simple, car cette photo là on l’a vue avec leurs vraies têtes plus tard, on sent que le film est allé au plus proche du réel, c’est une fidèle reconstitution.
Il y a aussi cette scène oppressante où l’hélicoptère de
l’armée survole le monastère, et face à ce danger et ce bruit assourdissant, ils n’ont pour seule réplique que la force de leur chant qui monte et essaie de couvrir le bruit.
Une autre, encore, c’est leur dernier repas avant l’attaque du monastère. Avec des petits clins d’oeil
d’humour, voire de tendresse, scène inoubliable car accompagnée par le fascinant « lac du
cygne » de Tchaikowsky.
On ne sait qui les a tué. On a parlé des extrémistes du GIA mais on a aussi évoqué l’armée algérienne qui a
maquillé l’attaque pour faire croire à un méfait extrémiste . Pour eux, malheureusement peu importe, on leur a ôté la vie, et aucune cause aussi juste soit-elle ne peut argumenter
cela.
C’est un film qui marque, aussi bien les croyants que les
athées, c’est un film de tolérance et tourné vers l’homme.
J’espère que je vous ai donné envie d’aller le voir croyez moi, on en sort
« grandi »....
Excellente semaine, même si pour beaucoup il ne va pas faire beau.